Depuis plus d’un an, le manque important de personnel soignant fait partie du quotidien de la Maison d’accueil spécialisé (MAS) de Lingolsheim qui compte plus de 20 postes non couverts. Une situation à laquelle la Direction ne pouvait se résigner, même si nous ne sommes pas les seuls à faire face à des départs et à une pénurie de soignants. Le secteur médico-social dans son ensemble est concerné par cette crise.

Confronté à ces difficultés de recrutement pour remplacer les départs, nous avons mis en place, une cellule de crise dès décembre 2021, et développé avec le service des ressources humaines (RH) un plan d’action pour anticiper les difficultés que l’on percevait déjà.

Afin de soutenir les équipes en effectif réduit et sécuriser la prise en charge en internat, la première décision prise, en accord avec les services de l’ARS, a été de geler les admissions sur les 3 places en internat qui se sont libérées et de suspendre les 2 places en accueil temporaire. Une mesure difficile à prendre lorsque l’on sait que les demandes de places en internat sont importantes et que l’accueil temporaire permet aux parents et aidants d’avoir de temps en temps une pause et du repos.

Dans un second temps, nous avons revu nos supports de recrutement avec des offres relookées, diversifié les sites d’annonces et participé à des salons de recrutement au Zénith et à l’ESEIS (école du social à Strasbourg). Notre objectif était d’améliorer la visibilité et l’attractivité de nos offres pour motiver des candidats à s’orienter vers un poste en MAS.

En 2021, le gouvernement a souhaité valoriser les métiers du soin en mettant en place la prime Ségur, sauf pour les professionnels des établissement médico-sociaux (ESMS). Ce manque de reconnaissance et de valorisation a décidé plus d’un à démissionner en 2021 pour aller vers le secteur sanitaire ou se réorienter vers un tout autre métier. Cette mise en concurrence a largement contribué à mettre en échec nos tentatives de recrutement. La prime Ségur est finalement arrivée partiellement dans nos établissements début 2022. Mais, au lieu de soutenir les professionnels, elle a divisé les équipes, entre ceux qui y étaient éligibles, le personnel soignant, et ceux qu’on a nommé « les oubliés du Ségur », les accompagnants éducatifs et sociaux, éducateurs spécialisés, etc. qui pour autant réalisent également des missions de soins. Difficile de recruter dans ces conditions. Le gouvernement a finalement élargi la prime à davantage de professionnels travaillant en ESMS sans pour autant la généraliser à tous les métiers, ce qui reste problématique.

Si la rémunération reste un facteur important dans le choix d’un métier, ce n’est pas le seul et nous avons sollicité les professionnels de la MAS afin de recueillir leurs motivations, les valeurs auxquelles ils sont attachés et trouver ensemble des solutions pour résister et nous permettre de continuer à prendre soin des usagers. Car les équipes et les personnes accompagnées sont bousculées et impactées par le manque de professionnels et l’instabilité des équipes qui fonctionnent aujourd’hui avec un nombre important de remplaçants. Ces derniers apportent certes leur aide, mais n’ont pas la même connaissance fine des usagers que les professionnels titulaires.

Ce travail a permis d’identifier les valeurs communes et partagées, « pourquoi on se lève le matin pour pousser la porte de la MAS ». Être soignant est un métier passionnant, mais on sait, lorsque l’on s’y engage, qu’il implique des horaires décalés, un travail le week-end et des sollicitations physiques. Pouvoir compter sur une équipe et s’appuyer sur des collègues est alors primordial, surtout dans le contexte actuel. D’ailleurs, le travail d’équipe est une des valeurs partagées et mise en avant par les professionnels de terrain. C’est pour cela que nous leur avons proposé un moment de « team building » pour mieux se connaitre et découvrir l’autre différemment, dans le but de solidifier les équipes.

 

Promouvoir le métier de soignant par la formation est un autre axe stratégique que nous continuons à développer. Cette année, 6 stagiaires ont signé leur contrat d’alternance à la fonction d’accompagnant éducatif et social (AES) avec la MAS et seront accompagnés par un tuteur. C’est un moyen pour découvrir toutes les facettes d’un métier. L’accompagnement des stagiaires sur le terrain permet de transmettre nos valeurs, la posture professionnelle, mais aussi de renforcer la motivation et l’engagement des professionnels titulaires.

L’implication dans la formation apparaît comme une des solutions pour intégrer des nouveaux professionnels, et nous menons une réflexion pour élargir nos possibilités de recrutements vers de nouveaux dispositifs. La MAS a également répondu à un appel à candidatures de l’Agence régionale de santé (ARS) qui propose un soutien financier aux étudiants contre une obligation de servir au sein d’un établissement médico-social pendant 2 ans.

Notre travail continue avec, à nos côtés, la Direction Générale et le service RH qui nous soutiennent dans l’élaboration des réponses. C’est l’ensemble des solutions développées qui, nous l’espérons, permettra d’inverser cette spirale négative avec comme objectif de rouvrir l’accueil temporaire dès que possible, reprendre les admissions et mettre l’énergie de toute une équipe dans des projets que nous souhaitons mener pour et avec les résidents.